Voici ce qui changera si Benoît Hamon devient président
Salarié, chef d'entreprise, syndicaliste... Si Benoît Hamon devient président, voici ce qui changera pour vous
Réduction du temps de travail, nouveaux droits pour les salariés, contraintes supplémentaires pour les chefs d'entreprise… Pour remporter la primaire organisée par le Parti socialiste et ses alliés, Benoît Hamon a fait un pari : présenter un projet clairement marqué à gauche. Voici à quoi vous attendre si l'ancien ministre de l'Education nationale, vainqueur de l'élection dimanche 29 janvier, parvenait à être élu à l'Elysée le 7 mai 2017.
Si vous êtes majeur
C'est la mesure la plus connue du programme de Benoît Hamon : la création d'un revenu universel, dont pourraient bénéficier tous les Français majeurs. Ce nouveau système de protection sociale vise à "éradiquer la grande précarité", mais aussi à "définir un nouveau rapport au travail et au temps libre". Sa mise en œuvre se ferait en plusieurs étapes. La première, en 2018, vise à augmenter le RSA de 10%, à hauteur de 600 euros par mois. Il serait aussi versé automatiquement à tous les jeunes de 18 à 25 ans, quel que soit leur niveau de ressources. A plus long terme, ce revenu devrait atteindre 750 euros par mois, mais Benoît Hamon reconnaît qu'il faudra sans doute plus d'un quinquennat pour achever ce chantier.
Par ailleurs, si vous bénéficiez des minimas sociaux, votre allocation sera revalorisée de 10%.
Si vous êtes salarié
Vous pourrez travailler moins. Benoît Hamon est en effet convaincu que les nouvelles technologies permettront de créer toujours plus de richesses avec moins d'heures de travail. En conséquence, il souhaite encourager les entreprises à réduire le temps de travail. Comme salarié, vous aurez un "droit inconditionnel au temps partiel accompagné d’une compensation salariale". La réduction du temps de travail pourrait prendre des formes multiples : semaine de 4 jours, congé sabbatique, temps partiel... La durée légale hebdomadaire sera cependant maintenue à 35 heures.
Benoît Hamon propose aussi plusieurs nouveaux droits pour les salariés : meilleure représentation dans les instances de direction, meilleure reconnaissance du burn-out, droit universel à la formation tout au long de la vie, droit à la déconnexion...
Si vous êtes au smic, votre salaire sera revalorisé. Mais comme dans le cas de la revalorisation promise du point d'indice pour les fonctionnaires, Benoît Hamon ne donne pas de chiffre : le montant de ces revalorisations sera fixé après une concertation avec les partenaires sociaux.
Si vous êtes syndicaliste
Jackpot ! Benoît Hamon est le candidat qui étend le plus vos prérogatives. Vous pourriez notamment faire valoir un "droit de veto" sur les décisions stratégiques dans les comités d'entreprise des grandes sociétés de plus de 2 000 salariés, vous permettant par exemple de vous opposer à une délocalisation ou à une fermeture d'usine.
Vous aurez aussi droit à une meilleure place au sein des conseils d'administration, qui seraient régis selon une règle des trois tiers : "Un tiers des sièges pour les représentants des actionnaires, un tiers des sièges pour les représentants des salariés, (...) un tiers des sièges pour les représentants des parties extérieures affectées (clients, fournisseurs, collectivités locales, ONG, sous-traitants)."
Enfin, vous pourriez avoir davantage de moyens puisque le candidat prévoit "une grande campagne d’information" pour encourager la syndicalisation, ainsi qu'"un chèque syndical" pour encourager la syndicalisation dans les PME et "pouvoir négocier à armes égales".
Si vous êtes chef d'entreprise
Outre les modifications déjà signalées plus haut pour les salariés (notamment des incitations financières pour réduire le temps de travail), la loi Travail sera abrogée. Cela signifie que vous ne pourrez plus passer d'accord d'entreprise qui se substituerait soit au Code du travail, soit à un accord dans votre branche professionnelle (sauf si l'accord d'entreprise apporte une protection supplémentaire à vos salariés).
Si vous décidez d'investir en automatisant certaines tâches, vous devrez payer une "taxe sur les robots" pour financer la protection sociale. Le raisonnement est le suivant : "Lorsqu’un travailleur est remplacé par une machine, la richesse créée bénéficie essentiellement aux actionnaires. Je propose donc de taxer cette richesse – en appliquant les cotisations sociales sur l’ensemble de la valeur ajoutée et non plus seulement sur le travail – pour qu’elle finance prioritairement des mesures comme le revenu universel plutôt que les dividendes." Le candidat n'a pas précisé le montant ou le mode de collecte d'une telle taxe.
Votre impôt sur les sociétés sera modulé en fonction "de la part de bénéfices réinvestis". Le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) sera lui aussi "conditionné à la réalisation d’objectifs de création de postes, de progrès écologiques, et d’une réduction du temps de travail".
Si vous êtes le patron d'une grande entreprise, Benoît Hamon entend par ailleurs "moraliser les pratiques". C'en serait fini des retraites chapeaux en cas de démission, par exemple. Le candidat promet aussi la "prohibition des rémunérations dépourvues de lien avec l’amélioration des résultats et des stock-options".
Si vous êtes travailleur indépendant
Vous devriez bénéficier d'une réforme de votre protection sociale, le but étant que vous puissiez avoir la même couverture que les salariés. Benoît Hamon promet en particulier d'améliorer votre couverture retraite complémentaire et votre couverture accident du travail-maladie professionnelle. Il assure qu’à revenus égaux, un indépendant et un salarié cotiseront le même montant.
Si vous êtes contribuable
Benoît Hamon vous promet une "véritable révolution fiscale". Votre impôt sur le revenu ("complexe, illisible et régressif", d'après le candidat) sera fusionné avec la CSG. Cet impôt serait individualisé et rendu plus progressif par une augmentation du nombre de tranches.
Si vous payez l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), vous pouvez aussi vous attendre à des modifications. Benoît Hamon veut créer un impôt unique et progressif qui comprendra notamment l'ISF et la taxe foncière. Il sera "net des dettes pour éviter que celui qui s’est endetté soit aussi taxé que celui qui a tout reçu en héritage".
Source : francetvinfo.fr