Menu

Facebook prépare une fonctionnalité pour lutter contre l'addiction à Facebook

Avec une nouvelle fonctionnalité en cours de développement, la firme de Mark Zuckerberg veut redonner le contrôle aux utilisateurs sur leur consommation des réseaux sociaux.

Peut-on être maladie et médicament en même temps? Facebook a confirmé la préparation d'une nouvelle fonctionnalité pour contrôler le temps passé sur sa plateforme. «Your time on Facebook» (littéralement «Votre temps sur Facebook») vise à limiter l'addiction de certains utilisateurs en provoquant une prise de conscience par des données chiffrées. L'internaute saura exactement le temps passé à chaque connexion rétroactivement sur les sept derniers jours. Il sera également possible de configurer un rappel quotidien lorsqu'une limite fixée au préalable sera franchie. D'abord révélée sur Twitter par Jane Manchun Wong, une développeuse qui a exploré le code de l'application sur Android (le système d'exploitation de Google), l'option a été confirmée par la firme américaine au site spécialisée TechCrunch.

Facebook explique que cette fonctionnalité est en cours de développement et qu'elle s'inscrit dans une nouvelle stratégie du réseau social. «Nous travaillons toujours sur de nouveaux moyens pour s'assurer que les moments passés par les utilisateurs sur Facebook soient de bons moments», explique l'entreprise dans un communiqué. Finies les heures passées à errer sans but sur son fil d'actualité, Facebook veut devenir un espace de bien-être. En début d'année, Mark Zuckerberg évoquait dans ses voeux «Time Well Spent» (littéralement «temps bien employé»), une initiative lancée par Tristan Harris, un ancien cadre de Google, qui vise à lutter contre l'addiction aux nouvelles technologies. C'est dans cette optique que Facebook a choisi de changer son fil d'actualité, pour qu'il privilégie les publications des amis au détriment des contenus de médias et de marques.

Le «déconnexionnisme», tendance paradoxale des géants du Net

Le temps passé sur les médias sociaux atteint 5,9 heures par jour en 2017, avec une croissance de 4% par rapport à l'année précédente, selon l'analyste Mary Meeker. Récemment, les entreprises du numérique ont commencé à s'impliquer dans la lutte contre les addictions. Après GoogleYouTubeInstagram (propriété de Facebook) et Apple, avec cette annonce, Facebook s'inscrit dans une tendance lourde de la Silicon Valley.

» LIRE AUSSI - Pourquoi la déconnexion est la nouvelle lubie de la Silicon Valley

Cette tendance n'est cependant pas désintéressée. Nombre de sociétés proposent par exemple des offres de «digital detox» et facturent des formations pour limiter son usage d'Internet. Les géants du Web ont aussi intérêt à proposer eux-mêmes ce genre d'options. «Leurs nouvelles fonctionnalités prétendent nous libérer de l'injonction à l'hyper-connexion qu'elles ont elles-mêmes créée. Mais leur réponse reprend toutes les métriques de la productivité: temps d'affichage, nombre de clics...», expliquait Antonio Casilli, professeur de sociologie à Télécom Paris Tech et à l'EHESS, au Figaro. De plus, attirer l'attention sur les risques réels de l'overdose d'écrans et de réseaux sociaux, permet à Facebook ou Google de maintenir dans l'ombre des sujets bien plus épineux pour eux. Communiquer à ce sujet évite d'aborder par exemple la gestion des données personnellesqu'ils exploitent à des fins publicitaires, fondement de leur modèle économique. Laisser l'utilisateur reprendre un peu de contrôle sur sa consommation pourrait devenir la caution pour qu'il ne claque pas la porte.

Source : Lefigaro.